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De quelle France s’agit-il ?

La découverte des causes endogènes du problème de l’aliénation en Afrique.

 

  1. Le rôle des causes internes dans l’explication des phénomènes historiques

L’esprit humain tend naturellement à maîtriser les phénomènes et événements temporels qu’il affronte en cherchant à en déterminer les raisons externes, en reliant les phénomènes aux causes externes dont ils sont les effets. Le phénomène de la colonisation et de la domination économiques et politique des pays africains par les États capitalistes occidentaux semble donc cautionner notre tendance à rechercher les causes du mal être africain à l’extérieur de l’Afrique, à identifier les fondements de l’aliénation en Afrique hors d’Afrique. Situer la source de tous nos maux en Europe occidentale dans le cercle des puissances impérialistes et des colonisateurs d’antan, apparaît ainsi comme étant une attitude fondée en raison, une explication causale sensée et crédible du sous-développement continuel en Afrique. Après la seconde guerre mondiale, l’affrontement des blocs qui s’opérait par l’intermédiaire d'États clients du tiers-monde interposé, a justifié la thèse de la responsabilité des puissances étrangères dans l’explication de l’aliénation économique et politique de l’Afrique ; thèse renforcée ensuite, après la fin de la guerre froide, par le maintien des pré-carrés et des sphères d’influence qui structurèrent la colonisation et suivirent les indépendances.

Cette première interprétation apparemment objective et convaincante des faits s’avère cependant quelque peu superficielle. Car, dans le domaine des phénomènes produits par les actions et interactions humaines, dont les évènements historiques font partie, les causes externes phénoménales influencent mais ne déterminent jamais l’apparition des effets. Une explication par les causes externes semble donc forcément parcellaire et incomplète.

Il faut faire intervenir, en plus, un autre type de causalité : la causalité interne qui intègre dans la série des causes, la spontanéité humaine, la liberté, le pouvoir que l’homme possède de prendre des initiatives, de commencer quelque chose de lui-même dans le temps indépendamment de toute contrainte externe. Dans l’histoire, le dernier mot de revient donc toujours aux causes internes relevant des diverses décisions de tous les protagonistes engagés dans l’action. Ce sont ces décisions, ces engagements personnels, qui déterminent l’apparition des phénomènes. Il faut donc appréhender le phénomène historique de l’aliénation africaine sous l’éclairage de la responsabilité agissante de tous les acteurs qui concourent à l’avènement de ce phénomène spécifique. Invoquer les contraintes externes liées au passé, et les multiples maillages matériels, économiques , financiers et politiques de l’ordre colonial ainsi que la mainmise du capitalisme multinational mondial , qui réduisent à néant toute entreprise d’autonomisation et de développement apparaît, dans ce cas, insuffisant pour expliquer les maux multiformes dont souffre l’Afrique aujourd’hui.

On ne doit pas ici oublier qu’après les Indépendances africaines, résultant des diverses luttes populaires, syndicales, politiques, et dans plusieurs cas, des guerres de libération nationale, les nationaux prirent en main les clefs de leurs destins par la gestion de l'État ; par la nationalisation subséquente de l’administration, de la fonction publique, et des secteurs supérieurs de l’économie, du commerce et des finances. Cela signifie précisément que des nationaux prirent le contrôle de tous les ressorts internes du pouvoir économique, social et politique. Ils eurent donc pleinement la responsabilité de construire le présent et l’avenir des États africains indépendants. Aujourd’hui à l’approche du cinquantenaire des Indépendances africaines, le bilan souvent calamiteux des gouvernants africains ne peut être mis exclusivement sur le compte de la responsabilité des puissances coloniales. La désorganisation des sociétés et la déculturation auraient pu être réparées par une politique volontariste de réorganisation fondée sur la réappropriation culturelle des instruments de la modernité qui aurait permis d’y inscrire délibérément l’Afrique. L’aliénation aurait pu être surmontée par l’adoption d’une organisation du champ politique fondée sur l’idée de pluralité ainsi que par celle du principe de l’autonomie et de la responsabilité comme éthique politique.

Or, sous l’influence des conditions externes et pour des raisons déterminantes personnelles internes, nous avons choisi délibérément de reconduire et d’accompagner les mécanismes de l’aliénation coloniale. Cinquante ans après les Indépendances ne sommes nous pas, en effet, devant ce scandale absolu ? Les élites politiques et chefs d'État africains se sont financièrement enrichis, certains, figurant au palmarès des personnalités les plus riches du monde, tandis que dans la totalité des États africains les populations autochtones végètent dans la pauvreté absolue !

En tout état de cause, les indépendances furent suivies par l’instauration de partis uniques censés être les médiations indispensables au développement des nouveaux États. Mais une mauvaise articulation de la tradition et de la modernité, entre autres causes, condamna le développement à l’échec. Les partis uniques évoluèrent vers des structures totalitaires détruisant l’émergence de sociétés civiles. Les économies furent les monopoles des États et des couches dirigeantes. La collaboration avec les puissances des deux blocs et le service de leurs intérêts, garant de la conservation du pouvoir par les élites politiques locales, tinrent lieu de principe politique tout au long de la guerre froide. Est-il d’ailleurs insensé de penser, que dans ce contexte, une stratégie de conservation du pouvoir par les couches dirigeantes, ait pu entrer, pour une part non négligeable, dans les causes de la précarité économique et sociale des populations autochtones des États en Afrique ? Ne pourrait-elle pas constituer, entre autres , une explication plausible, aussi bien du caractère pléthorique des administrations africaines que de la précarité dans laquelle vit les couches productives et le monde paysan ? Des questions légitimes peuvent être posées sur la concentration du secteur du commerce dans les mains des non-nationaux, des Levantins et Indiens entre autres, dans la plupart des États africains ? Ne peut-on pas penser que cette étrange absence des nationaux, qui ne furent guère encouragés à s’engager dans ce secteur, relève d’une stratégie politique de monopolisation du pouvoir, qui eut cours, comme le soulignent les historiens, dans certains royaumes et États pré-coloniaux où le commerce, source d’accumulation de richesse donc de pouvoir, fut en général réservé aux étrangers et interdit aux sujets pour empêcher l’émergence de pôles de pouvoir concurrent ? Au-delà de l’imitation du modèle métropolitain du service de l'État par le fonctionnariat, du caractère attractif du mythe du fonctionnaire, est-il déraisonnable de soupçonner que la fonctionnarisation massive des intellectuels et des scolarisés ait été un moyen commode de les installer dans la dépendance et la précarité financières, et de canaliser ainsi leurs énergies vers la résolution des problèmes quotidiens de survie , en raison de la modicité des salaires de l’administration ? Quant à la nécessité d’assurer le fonctionnement de l’administration et de financer le développement qui finalement n’eut pas lieu, suffit-elle à expliquer les ponctions financières qui installent les classes productives et le monde paysan dans la pauvreté ? Ne pourrait-on pas, aussi, intégrer, dans une stratégie moderne de gestion et de monopolisation du pouvoir, le gaspillage des capitaux dans des dépenses économiquement stériles et le mode de vie ostentatoires, qui constituaient , déjà dans l’Afrique pré-coloniale, un rite d’affirmation symbolique du pouvoir ?

En tout état de cause, si l’on ne peut nier que des efforts réels de développement et de modernisation furent faits dans des pays, la corruption et l’ostentation prirent cependant, partout en Afrique, des proportions endémiques après les Indépendances et ne s’arrêtèrent pas avec la fin de la guerre froide. La corruption brisa le triple objectif qui justifia l’adoption du parti unique : consolider une nation en construction en unifiant les partis et les groupes ethniques à l’intérieur du territoire de l'État naissant ; construire un État capable de gouverner cette nation et mettre en œuvre le développement économique. Le détournement des deniers publics, des choix non pertinents d’axe de développement et les priorités accordées aux projets économiquement stériles mais juteux en terme de gains personnels particuliers pour les parties impliquées dans les transactions, détruisirent la construction de la base économique sur laquelle devait s’édifier l’unité nationale. L’indifférence à l’intérêt général et l’appropriation privée du bien public, démolirent l’édification naissante d’un sentiment de commune appartenance, fondé sur une communauté d’intérêt dont l'État se devait d’être le garant. L'état fut ainsi dès l’origine dé-crédibilisé dans sa fonction consistant à gouverner une nation dans le sens de la production et de la sauvegarde du bien public. Les services publics devinrent alors pour les communautés concurrentes, dans un contexte où les activités commerciales et entrepreneuriales étaient en général réservées à quelques communautés minoritaires et aux Blancs, les meilleures voies d’accès à la richesse et à l’accumulation du capital. Instrument permettant de détenir le pouvoir, l'État devint alors une source de conflit et un objectif ultime de lutte dont les communautés ethniques en concurrence veulent s’emparer et s’en assurer l’exclusivité. Il se mua alors en un appareil de monopolisation du pouvoir et de répression des contestations. Après la chute du mur de Berlin, la démocratie et le multipartisme furent instrumentalisés et mis au service de la passion politique, et familiale qui permit d’instaurer des successions dynastiques de père en fils. Une démocratie de façade où , le clientélisme, la manipulation des Constitutions et des élections, assortie de la répression souvent sanglante des contestations, tiennent lieu de principes, remplaça comme mode d’appropriation, de gestion et de perpétuation du pouvoir, les dictatures directes et les coups d'État . Les nouvelles élites politiques, à quelques exceptions près, se coulèrent dans ce moule et reprirent, à leur profit, ce principe de l’asservissement endogène. La prédation d'État et la corruption, l’appropriation privée des biens publics, l’indifférence à l’intérêt général et à la probité publique continuèrent de représenter l’ethos politique des couches dirigeantes. Dans ce processus continu, l’on peut penser que le développement économique social et politique des États, fut, en fait, un objectif largement secondaire. L’insatiable ivresse du pouvoir, l’âpreté personnelle au gain, l’enrichissement crapuleux des classes politiques ne le supplantèrent-ils pas ?

Faut-il alors privilégier dans la série des causes explicatives de l’aliénation, la responsabilité interne des dirigeants politiques ? Pour plusieurs raisons et pour certains, cette responsabilité interne n’est cependant pas évidente. En effet, la pression exercée par les intérêts du capitalisme mondial sur les États nouvellement indépendants d’Afrique et le déséquilibre des forces en présence ne conduisent-ils pas à atténuer le rôle de la vénalité des hommes au pouvoir et celui de la préservation de leurs intérêts particuliers ? Mais le rejet pratiquement instinctif du paramètre de la responsabilité endogène, dans les données de l’analyse, rejet qui opère comme une dénégation dans le mécanisme du refoulement psychanalytique, ne nous oblige-t-il pas à soupçonner que la source purulente du mal africain  s’y trouve?

On continue cependant d’incriminer le déterminisme externe. L’explication se focalise sur le rôle des protagonistes extérieurs. On insiste sur le rôle des interventions extérieures, des actions secrètes des ex-colonisateurs pour expliquer la mauvaise gouvernance, les répressions étatiques des révoltes populaires à la suite d’élections truquées, les manipulations des constitutions à des fins électoralistes, les détournements de deniers publics. La France, en est toujours responsables, pour les uns ; la Grande –Bretagne, pour les autres ; la Belgique, pour certains ; le Portugal, pour d’autres !

Cette opiniâtreté qui trahit une certaine obsession et une uni-latéralité dans la désignation du coupable, souvent orchestrée par des pouvoirs établis, rend nécessaire un questionnement pour tenter d’y voir clair ; un questionnement destiné à nous permettre de dénouer l’écheveau complexe de la responsabilité des acteurs impliqués dans la genèse de l’aliénation africaine, de dévoiler clairement le visage dissimulé de l’auteur incriminé des méfaits.

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