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Qui est la Françafrique ?
Selon une tradition bien établie, la françafrique est toujours stigmatisée comme étant la source des maux économique et politique de l’Afrique. Certes, l’existence de la françafrique est une réalité incontestable dûment prouvée. Ses interventions ne font pas l’ombre d’un doute. Mais qui est cette françafrique ? Quelle est cette France secrète des réseaux qu’on accuse dans toutes les crises africaines ? Est-elle toute la France ? Est-elle le peuple français au nom duquel l'État français exerce le pouvoir ? Est-ce le parti au pouvoir dans l'État français ? Est-ce l’ensemble des partis politiques auxquels sont, d’ailleurs, affiliés la plupart des partis politiques africains ? Récemment d’ailleurs, comme le firent remarquer les quotidiens et périodiques, certains politiciens et chefs de gouvernement africains ne se coalisèrent-ils pas pour exiger et obtenir d’un chef de gouvernement français l’éviction d’un ministre français qui demandait solennellement la fin de la Françafrique ainsi que l’instauration de nouvelles relations fondées sur le respect des intérêts réciproques des peuples ? La françafrique est-elle donc le gouvernement français allié à certains gouvernements africains ? Est-ce l'État français soumis dans sa politique intérieure au principe du respect de l’intérêt public, de l’intérêt général du peuple français, qui s’efforce, sous la vigilance constante du peuple souverain, de gouverner la France dans le respect scrupuleux du bien-être général de la nation française ? Serait-ce donc cet État, formellement préoccupé de l’intérêt général dans les limites de ses frontières, qui n’hésite pas à hors de ses frontières, à utiliser, dans sa politique étrangère, tous les moyens pour défendre son intérêt national ? Cet État, héritier d’une Révolution de portée mondiale dont s’inspirent tous les peuples épris de liberté est-il celui qui colonise et soumet sans vergogne des peuples étrangers en vue du maintien et de la perpétuation de ses intérêts supérieurs ? Est-il celui qui fomente des rebellions et soutient des tyrannies et des dictatures hors de ses frontières, dans les pays d’Afrique, pour conserver ses intérêts commerciaux, financiers et politiques ? Sont-ce, à l’intérieur de cet État qui les soutient et avalise leurs actions, les corporations, les groupes d’intérêts économiques, et les Firmes qui conquièrent, par des rebellions télécommandés, par le renversement de pouvoirs réfractaires ou l’installation de pouvoirs dociles, par la corruption active des politiciens locaux, des secteurs d’influence et des marchés servant leur expansion dans la concurrence mondiale ? La françafrique agissante est-elle en Afrique, la main secrète de l'État français opérant pour son expansion impériale ou la main de l’action privée des firmes et lobbies économiques et financiers agissant pour leurs intérêts marchands transfrontières , au besoin, au détriment des intérêts politiques de l'État français ? Ou est-elle la coalition de l’action publique de l'État et de l’action privée des corporations et des firmes particulières ?
Si toutes les réponses à ses questions étaient positives, y-aurait-il à redire ? Cette vaste entreprise multiforme de domination impériale est-elle moralement et juridiquement condamnable ?